Crypte | Prologue
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Après Ailleurs, En dedans, Ressac, et Abyme, voici Crypte, nouvelle étape du Journal de personne. Réparer la machine psychique demande de longues années de travail. De la petite enfance à l’enfance, de celle-ci à l’adolescence, et au-delà, l’hérédité et les expériences vécues, l’inné et l’acquis, ont laissé des traces mémorielles, des empreintes positives et négatives. Dans ce dernier cas, il y a pu avoir contusion, déchirure, blessure : grandir est traumatisant. Arrive un moment où la souffrance trop pénible requiert de se soigner, de commencer à contrôler troubles, déficiences, angoisses et autres symptômes, et si possible de les évacuer. Ce déblaiement bien avancé (quinze, vingt ans après ?) on arrive devant la crypte.

La crypte, c’est l’endroit où sont déposés les secrets. Les nœuds les plus douloureux, les images les plus gênantes, les séquences les plus honteuses, en un mot l’indicible. On peut y trouver aussi des fantômes (comme un moi défunt par exemple), des fantasmes, des souvenirs-écrans*. Il est important de découvrir cette réalité psychique. Aussi prégnante que la réalité pure et simple.

J’ai raconté dans Ailleurs comment la crypte m’est apparue très tôt dans des cauchemars récurrents. Ils m’ont terrorisé pendant des années. La crypte était gardée à l’époque par une vieille sorcière qui cherchait à m’étrangler. Aujourd’hui, plus de sorcière, la voie est libre, une lumière rouge sombre éclaire la pièce, plongée dans un silence profond. Une partie de l’inconscient habite là. Dieu aussi. Ne sont-ils pas l’un et l’autre mémoire et langage ? Il faut se tenir prêt à se souvenir, à écouter et à parler. Pour, petit à petit, comprendre et tenter de croître.

*Souvenirs anodins destinés à masquer un souvenir inacceptable.