Ailleurs | Prologue
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Oui. C’est ici que tout a commencé. Il y a quinze ans. Après des années de travail pour me libérer de l’angoisse, après un engagement existentiel dans la peinture, après des milliers d’heures consacrées à l’étude de la philosophie, de la psychanalyse et des religions, j’ai enfin compris qu’écrire était nécessaire au traitement de l’angoisse, sinon à la guérison. Il me fallait construire, par moi-même, un modèle de réalité pour obtenir un minimum vital d’espoir, de joie, de sagesse. Il me fallait retracer mon combat pour mieux le comprendre. Et, dans un deuxième temps, proposer aux autres de partager cette expérience si elle pouvait en aider quelques-uns.

Ailleurs est donc mon premier texte. C’est de lui que sont sortis le roman Lami, et l’ensemble du Journal de Personne déjà publié : En dedans, Ressac, Abyme. Je me souviens avec amusement de la réponse d’une grande dame de l’édition française pour justifier son refus de publier ce premier ouvrage : « Vous parlez de peinture, de philosophie, de religion, du Japon, de la Californie… On ne saura jamais dans quelle section vous classer ». Ah ! Ah ! Ah ! Le problème de l’étagère !

Ailleurs est comme une graine dont la germination ne cessera qu’avec ma mort. Je suis heureux de pouvoir la présenter ici. Relisant ce texte quinze ans après, je me pose cette question : ai-je été fidèle à mon engagement vis-à-vis de moi-même ? Ai-je vécu en individualiste mystique ? La réponse est dans les livres que j’ai écris depuis. Loin de moi l’arrogance de préjuger de leur valeur littéraire. Ils témoignent simplement de ma persévérance à creuser vers le fond et à bâtir vers le ciel. En toute humilité, je rends grâce d’avoir eu cette force et je prie qu’il me soit donné de la conserver.